L’absence de préméditation dans sa création laisse croire qu’il y a un besoin vital derrière l’acte. C’est un besoin immédiat à satisfaire. L’artiste nous renvoie à la connaissance de soi, de nos limites, de nos défauts, de la structure même de notre intérieur plus ou moins marqués par la vie que nous véhiculons à travers l’expérience des âges et à travers l’art. « La création quelle qu’elle soit permet de donner un sens à la vie et un sens à la mort… qui n’a de sens que si elle ne représente pas une fin absolue, mais une cessation d’existence; le souvenir, la mémoire, les œuvres demeurant. » Cette passionnée de la création – elle est également auteure – de la vie, des couleurs, est une grande philosophe. Elle transforme tout en actions, en émotions, en influx, en énergie de vie.
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« Peindre, c’est se créer soi-même »
Muriel Cayet avoue peindre partout. Il ne lui faut pas d’objets ou d’éléments particuliers, mais plutôt une préparation mentale et émotionnelle. La transition se fait petit à petit et passe par l’habillement. La blouse de travail fait partie de cette « peau » neuve, de ce « rôle » tout à fait particulier de «l’être à l’âme créatrice» qu’elle devient l’espace d’une toile. Son atelier, d’un point de vue métaphysique, n’est pas un lieu extérieur à elle, il est un lieu intrinsèque; une sorte de château intérieur. Si l’endroit a de bonnes vibrations, s’il est accueillant, propice à la création, alors il est le « lieu » qu’on appelle « atelier ».
Pour Muriel Cayet, la création est une invitation à entrer en soi, à s’aventurer dans une introspection personnelle. Elle s’accommode fort bien d’être entourée; peindre en groupe est un prétexte au voyage. Pour elle, la lumière est primordiale. Elle peint souvent la nuit, à la lumière artificielle, parfois à la lueur d’une bougie, ce qui la contraint à aller chercher la lumière dans les couleurs utilisées, comme si la toile devait s’animer d’une lumière intérieure. La création débute avec des images mentales, la main s’articule, l’œuvre naît. Les pensées se figent par la peinture, dans des mouvements et des coups de couteaux et des coups de pinceaux. La matière humaine est aussi présente que la matière qu’elle applique; une fusion, une construction, d’où surgissent des idées, des images, des scènes, des histoires.
La liberté du geste délié est à l’image de sa liberté d’être dans ce « lieu » qui l’accueille. Plus la liberté du geste est grande, plus la peinture vit et respire d’elle-même. C’est un voyage intérieur qu’elle partage avec générosité. La réalisation peinte est symbole de ses visions, de ses pensées, de ses désirs, de son histoire personnelle, de son vécu avec les autres en tant que compagne de voyage. Ce que l’on retrouve dans son atelier de la rue de l’Église à Mareuil-sur-Arnon (France), c’est l’univers des couleurs et de la lumière qui jaillit et qui apaise les esprits les plus emprisonnés. L’atelier de Muriel Cayet est ouvert au public sur rendez-vous.
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