Le TOP10 des ventes aux enchères mondiales les plus chères

Les chiffres astronomiques dans le marché mondial de l’art

Pour terminer l’année en beauté, voici quelques chiffres très intéressants sur le Top 10 des ventes aux enchères les plus chères de ces dernières années.

Un bref résumé

En 2013, le top 10 affichait un palmarès résolument occidental et moderne, avec Picasso, omniprésent, tenant 32 % du chiffre d’affaires. Trois œuvres de Picasso comptaient alors parmi les 10 œuvres les plus chères de la planète-enchères, sans que Picasso ne détrône pour autant le célèbre « The Scream (1895) » de Munch, (vendue, je vous le rappelle, à près de 120 m$ en 2012).

En 2016, par contre, il y a eu un changement d’échelle: le prix du record a presque doublé en 10 ans et le top 10 n’affiche que des oeuvres martelées à plus de 100 m$. Six d’entre elles ont été réalisées après la Seconde Guerre mondiale. Picasso, dont le « Garçon à la pipe » avait été le premier à passer la barre symbolique des 100m$ en 2004 (en incluant les frais), renouvelle son record absolu à plus de 179 m$ avec « Les Femmes d’Alger (Version ‘O’) (chez Christie’s NY, 2015). Non loin derrière, Giacometti devient le sculpteur le plus cher du monde, avec trois œuvres vendues pour plus de 100 m$ chacune à son palmarès.

Le niveau de prix maximum a atteint d’autres sphères depuis la vente du fameux « Salvador Mundi » de Da Vinci (parti pour la coquette somme de 450,3m$ le 15 novembre 2017 chez Christie’s New York). Il représente plus de deux fois et demi le prix de l’oeuvre « Les Femmes d’Alger (Version ‘O’) de Picasso, numéro deux du classement. Picasso, détrôné par l’exceptionnel retour de flamme de l’Art Ancien, n’indique plus le nouvel horizon à atteindre.

Un autre fait marquant est l’arrivée de QI Baishi (1864-1957) depuis 2017, grâce à la vente de « Screens of Landscapes » pour près de 141 m$ chez Poly Auction à Pékin. C’est d’une part le prix le plus haut jamais payé pour l’œuvre d’un artiste chinois, mais également la première fois qu’un artiste chinois passe la barre des 100 m$. C’est aussi le signe que les sociétés de vente chinoises sont capables de pousser les enchères au niveau des plus grandes maisons occidentales.

2019

2019 consacre une seule nouvelle entrée avec « Meules (1890) »  de Monet qui détient le nouveau record mondial pour une œuvre Impressionniste, à plus de 110 m$. Le propriétaire qui a mis le tableau en vente l’avait acquis en 1986 pour 2,5 m$ seulement chez Christie’s. Le précédent record pour une toile de Monet remontait à la vente de la Collection Rockefeller en mai 2018, toujours chez Christie’s NY, avec « Les Nymphéas en fleur » cédés pour 84,6m$. Le marché sait donc apprécier les pièces impressionnistes de grande qualité qui, si elles se font peut-être plus rares, attirent toujours autant l’attention malgré le renouvellement des générations d’enchérisseurs et la popularité de l’Art Contemporain.

Les hôtels de vente font face à une concurrence féroce

A une exception près, les plus beaux records mondiaux proviennent de Sotheby’s et de Christie’s. Elles seules ont la puissance financière nécessaire pour s’engager auprès des vendeurs par le biais des systèmes de garantie, afin d’obtenir des collectionneurs qu’ils leurs confient leurs chefs-d’oeuvre. Mais la concurrence est rude et demande une réinvention perpétuelle. Christie’s, par exemple, a connu ces trois dernières années des départs successifs, dont celui de Francis Outred, responsable pour l’art d’après-guerre et contemporain en Europe basé à Londres et celui de Brett Gorvy, il y a trois ans. Francis Outred avait pris part à la vente des « Three Studies of Lucian Freud » de Bacon en 2013, œuvre la plus couteuse aux enchères pendant deux ans. Christie’s a su se réinventer depuis, accompagnée par Loïc Gouzer (il a lui aussi quitté Christie’s depuis) qui avait orchestré la vente du « Salvador Mundi » au sein d’une vente d’Art Contemporain et d’Après-Guerre au lieu de la vente Old Masters plus conventionnelle. Un mélange des genres apte à stimuler l’attention. L’inventivité et le marketing sont des données essentielles pour écrire de nouveaux jalons dans l’histoire du Marché de l’Art, dont l’un des enjeux est de trouver les prochaines pépites capables d’atteindre le nouveau standard des 100 millions, voire de trouver celle capable de battre l’oeuvre de Leonardo da Vinci.

Source: ArtPrice