Après une recherche sur le vide et le plein dans la peinture contemporaine de 2016 à 2018, mais qui n’a pas donné lieu à une publication faute d’intérêt sur le sujet (car le concept était jugé trop philosophique), j’ai néanmoins trouvé que le concept du vide et du plein dans la peinture contemporaine explorait la relation entre les éléments présents dans une œuvre artistique, que ce soit en termes d’espace, de formes ou de textures. Ces notions ont été explorées de différentes manières par les artistes contemporains, chacun apportant une interprétation unique à travers son style artistique, son message et sa vision personnelle.
Nous ne sommes pas confortables avec l’idée de «vide» dans notre civilisation occidentale. Pour nous, le «vide» signifie le «rien», l’absence de quelque chose (et forcément, le désir de remplir ce vide par quelque chose qui donnera l’impression de nous «remplir» ou de nous «combler»).
Or, dans la peinture asiatique, le concept du vide et du plein revêt une signification profonde et est souvent influencé par des principes esthétiques, philosophiques et spirituels propres à différentes traditions artistiques de l’Asie, notamment la peinture chinoise, japonaise et coréenne. La peinture asiatique, en particulier la peinture chinoise, est souvent imprégnée de philosophies comme le taoïsme et le bouddhisme. Ces traditions accordent une grande importance au concept du vide, représentant l’idée du Wu Wei (l’action sans agir) dans le taoïsme et de la vacuité (Shunyata) dans le bouddhisme.
Dans la peinture, le vide peut symboliser l’espace, la méditation et le calme intérieur. La philosophie du yin et du yang, qui repose sur l’idée de l’équilibre des forces opposées et complémentaires, peut influencer la manière dont le vide et le plein sont utilisés dans la peinture asiatique. Un équilibre harmonieux entre les zones pleines et vides est souvent recherché pour créer une esthétique équilibrée. La peinture asiatique tend souvent vers la simplicité et le minimalisme.
Le vide est parfois utilisé pour exprimer la beauté dans la simplicité, soulignant l’idée que moins peut être plus. Les espaces vides peuvent permettre au spectateur de méditer sur l’essence de ce qui est représenté. Les peintres asiatiques ont une longue tradition de représenter la nature dans leurs œuvres.
Le vide peut être utilisé pour représenter des éléments tels que l’eau, le ciel ou l’espace, soulignant l’interconnexion et l’harmonie entre l’homme et la nature. La calligraphie est souvent intégrée à la peinture asiatique. Les traits de pinceau sont considérés comme une expression artistique à part entière. Le vide entre les traits est aussi important que les traits eux-mêmes, créant une dynamique énergétique et un équilibre visuel. Certains artistes asiatiques utilisent le vide pour évoquer un sentiment de temporalité et de mouvement. Des techniques telles que la peinture à l’encre rapide peuvent créer des espaces vides qui suggèrent le passage du temps ou le mouvement dans la nature.
Le vide peut être utilisé pour inviter à la contemplation et à la réflexion intérieure. Dans certaines traditions artistiques asiatiques, le vide peut être associé à des notions spirituelles de purification et de calme intérieur. Bref, dans la peinture asiatique, le vide et le plein sont souvent imbriqués dans une quête d’harmonie, d’équilibre et de connexion avec la nature et les principes philosophiques. Ces concepts sont intégrés de manière subtile pour créer des œuvres qui transcendent simplement la représentation visuelle pour atteindre des dimensions philosophiques et spirituelles plus profondes.
Ce sont des notions qui échappent à notre entendement occidental. Nous avons la manie de mettre des éléments dans une peinture ou dans un espace vide, juste pour faire «beau» ou pour combler un «vide». L’exploration de la matérialité (et, donc, de la dématérialité) est très intéressante. Nous n’avons pas la même vision des artistes asiatiques sur «l’espace» (qu’on ne peut pas appeler «vide»). Nous, il nous faut remplir à l’excès parce qu’on craint le silence, on craint le vide qui nous rappelle «la perte» ou «le manque» de quelque chose (ou de quelqu’un).