Après une formation en Lettres à l’Université de la Sorbonne, puis à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Mimosa Echard, Francisce G Pinzón Samper développe une pratique picturale où s’entrelacent relations personnelles, nostalgie et spiritualité. À travers des figures vibrantes, des gestes suspendus et des éclats de couleur intenses, l’artiste construit un univers à la croisée du théâtre, du cinéma et de la mémoire.
Francisce G Pinzón Samper quitte Bogotá à 18 ans pour faire ses études en France et poursuivre sa pratique artistique. Sa peinture est le reflet d’un dialogue intime avec le monde. L’artiste revendique une liberté d’inspiration et d’exécution, puisant aussi bien chez Fra Angelico que chez Emilio Pucci, dans l’énergie des années 1960 comme dans l’esthétique des mangas contemporains. En naviguant entre crayons de couleur, pastels et peinture acrylique, l’artiste dessine sur des cartons d’emballage trouvés et compose ses peintures sur de grands panneaux de bois, intégrant ainsi la matérialité du support au cœur de sa pratique. Cette diversité se reflète dans ses compositions, pensées comme des constellations d’allégories personnelles. À travers un jeu d’associations instinctives, Francisce G Pinzón Samper perçoit son travail comme un tarot visuel ou une psychanalyse imagée, où chaque choix esthétique, aussi inconscient soit-il, s’offre à une double lecture : d’abord par une approche collective et immédiate, puis par une interprétation intime et subjective.
Le rapport au public est au cœur de sa démarche. Sous l’influence d’Andy Warhol et du text painting de John Baldessari, Francisce G Pinzón Samper interroge la manière dont l’artiste navigue dans un milieu professionnel tout en restant fidèle à son langage personnel. Ses toiles deviennent ainsi des espaces d’interaction où la peinture n’est pas seulement une expression intime mais une invitation à l’échange, où l’expérience individuelle rejoint un imaginaire collectif.
Cette tension entre introspection et mise en scène se retrouve dans son rapport à l’histoire de l’art et aux figures qui l’ont marqué. Les fresques du couvent San Marco de Fra Angelico, My bed de Tracey Emin, les peintures sombres de Francisco de Goya, les sculptures de Cy Twombly ou encore l’œuvre d’Ana Mendieta nourrissent sa réflexion sur la charge émotionnelle des images et leur capacité à transcender les frontières du temps et de l’identité. Dans cet univers mouvant, ses personnages incarnent des figures en transformation, libres d’explorer de nouveaux récits, de nouveaux rôles, de nouvelles apparitions.
The Flying Patterns of DJ Soul II est le prolongement d’une première exposition présentée en 2021 à New York, à la galerie Thierry Goldberg. Avec ce projet, Francisce G Pinzón Samper explore la notion de range, ce terme issu du théâtre et du cinéma qui désigne la capacité d’un acteur à incarner des personnages très différents les uns des autres. L’expression flying patterns évoque, pour l’artiste, l’observation des mouvements d’un être en vol à travers le temps. Une créature instinctive, qui façonne son propre chemin en fonction de sa nature et de ses apprentissages.
Le nom DJ Soul est apparu en référence au producteur du groupe Deee-Lite. En l’entendant, Francisce G Pinzón Samper a ressenti une identification immédiate à ce concept : un DJ de l’âme, ou un DJ qui joue avec les âmes. Quelqu’un capable d’assembler des fragments apparemment dissonants de lui-même et qui, par la modulation des tonalités, du tempo et des mélodies, parvient à en faire une composition harmonieuse. Son ambition est de créer des images libres, portées par une esthétique brute, instinctive, où la découverte prime. L’espace d’exposition n’est pas conçu comme un lieu de postures figées, mais comme un moment suspendu, une immersion dans un temps et un espace déterminés de création.
L’exposition est le reflet d’un processus qui s’étend de l’été 2024 au printemps 2025. Ce travail de réconciliation d’un soi fragmenté porte en lui une nécessité politique : nous sommes, tous, une multiplicité unifiée.
« Our planetary culture has reached a point where we should agree on how to achieve a monoculture formed from polyculture. (No more borders). All belief systems are equal and serve the same purpose ».
Cette idée se cristallise notamment dans l’association de la peinture de l’atelier d’Anne Truitt et des paysages de Valerius de Saedeleer : un dialogue entre différentes époques de l’histoire de l’art. À l’image de l’astrologie, du genre, de la religion, de l’intelligence ou de la technique, toutes les routes mènent à une seule et même réalité : l’être humain en train de se découvrir, par l’expression.
INFO
18 rue Dauphine, 75006 Paris (France)
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
info@galeriejohnferrere.com
+33 (0) 1 73 74 75 45