Entrevue avec les artistes du défi 15 dessins 15 semaines 2/2

Par HeleneCaroline Fournier

Entrevue – deuxième partie

Comme vous le savez, le « Défi 15 dessins 15 semaines » est une initiative lancée pour aider les artistes en arts visuels à vivre de leur art, par la vente en ligne de leurs oeuvres.

Ginette Ash, B. DUMONT RENARD, Pierre Bureau, Muriel Cayet, Jocelyn Fafard, Daniel Joyal, Nathalie Landry, Steeve Lechasseur, LO, Luc Nadon, MAHESVARI, Marcel Mussely, Marie-France Roy, Marie-Françoise Sztuka et Réjane Tremblay sont les quinze artistes canadiens et français qui participent au Défi 15 dessins 15 semaines.

Mon côté théoricienne de l’art et chercheuse sur les effets de la pandémie chez les artistes en arts visuels était très intéressé par ce qui avait pu motiver les artistes au tout début de cette aventure et quelle était leur impression après ces quelques semaines de participation. J’ai interrogé les participants, ce qui a donné une entrevue en deux parties.

Quelle était leur motivation au tout début de cette aventure ? Quelle est leur impression après ces quelques semaines de particiation ? étaient les questions posées.

Cet article fait suite au premier qui a été diffusé le 12 juillet.

Pour B. DUMONT RENARD, artiste de France, la motivation première était de participer à une activité organisée par quelqu’un qui a à coeur les artistes et qui les comprend. « Il me paraissait normal d’accepter ce défi. Autrement, ma motivation est mon changement de vie, de région, de maison, d’atelier etc. Tout cela a mis entre parenthèses mon énergie dans mon art. Cette proposition m’a servi de catalyseur pour repartir de plus belle. Au bout de ces semaines de participation, j’ai la confirmation que je suis possédée par les chats. C’est une nouvelle collection qui se forme et qui va sûrement m’emmener ailleurs, vers un livre ou une exposition ou les deux. J’adore ce défi ».

Pour Marie-Françoise Sztuka, artiste de France, ce défi a relancé sa motivation. « Suite à cette longue période de confinement où tous les projets d’exposition ont été annulés, grâce à ce projet nous sortons du brouillard et cela déclenche une motivation à peindre à nouveau. J’ai eu de nombreux contacts positifs avec mes amis et amies qui sont allés sur le site. Je suis très motivée pour peindre et employer des techniques que j’utilisais moins, comme l’aquarelle ».

Il est vrai que ce défi a engendré une multitude de techniques tournant autour du dessin. Les artistes ayant la contrainte de ne pas utiliser d’acrylique ni d’huile, ont brillamment exploité les nombreuses formes et couleurs du dessin, n’hésitant pas, pour certains, à sortir de leur zone de confort. Bon nombre d’entre eux ont ainsi pu ajouter l’expérimentation au plaisir.

Pour Ginette Ash, artiste du Canada, le défi était de taille. Elle hésitait à se lancer dans un tel projet. «Un dessin par semaine pendant 15 semaines m’apparaissait considérable. Je craignais ne pas avoir suffisamment de temps pour les réaliser. Je manquais, peut-être aussi, de confiance en moi». L’artiste a néanmoins retrouvé une certaine confiance en elle au fil du temps. «Ce défi m’a permis de sortir de ma zone de confort, d’expérimenter différents sujets, diverses techniques et de faire valoir ma créativité». L’artiste a toujours aimé dessiner et colorier depuis sa jeunesse. Adolescente, elle aimait dessiner des portraits. Depuis sa retraite d’enseignement en arts en 2009, elle s’est mise à peindre sans relâche, enchaînant les expositions collectives, personnelles et les symposiums. «Je manquais de temps pour me consacrer au dessin. Alors, le Défi 15 dessins 15 semaines arrivait à point car il me motivait, d’autant plus que les expositions et les symposiums se font plutôt rares en ce temps de pandémie. Je voulais relever le défi et parfaire la qualité de mon dessin». L’artiste, très motivée à se dépasser, prend de l’assurance de semaine en semaine. «Partager mes dessins avec le pubic et sur les réseaux sociaux, c’est une belle opportunité de visibilité». Malgré des aléas de la vie, dont un récent accident assez grave, l’artiste a décidé de continuer le défi par amour pour l’art. «Je constate que l’art me procure un bien-être, un épanouissement personnel et une thérapie dont j’ai besoin. J’espère atteindre mon objectif et de continuer à réaliser les dessins qu’il me reste à faire».

Pour Steeve Lechasseur, artiste du Canada, la motivation était de progresser au niveau du dessin en utilisant un médium complètement différent de celui qu’il utilise habituellement. «La technique de l’aquarelle est différente parce qu’il n’y a pas beaucoup de place pour l’erreur et, généralement, il faut faire un dessin préparatoire qui sert de guide du début jusqu’à la fin, ce qui n’est pas le cas quand je peins à l’huile». L’objectif de l’artiste était d’acquérir d’autres habiletés qui lui serviront immanquablement dans la pratique de sa peinture, son principal médium. «Par ailleurs, la contrainte est source de créativité. Jouer le jeu d’une nouvelle aquarelle chaque semaine est un défi qui me stimule et m’oblige à un dépassement personnel. Après quelques semaines, je suis heureux du résultat, même si je suis très critique envers mon travail. Je continue d’être perfectionniste et j’essaie d’apporter des éléments nouveaux, même si cela me sort de ma zone de confort. Je vais continuer à jouer le jeu en sachant que cela aura pour effet de renouveler un peu plus ma créativité».

Pour Luc Nadon, artiste du Canada, le défi était plutôt inhabituel et inattendu. «Ma motivation de départ était ma compagne, qui m’a mis au défi. Je vois que mes dessins sont simples et même enfantins, si je les compare aux autres. C’est parce que je ne travaille pas dans le domaine. Je fais du dessin pour m’amuser et explorer diverses techniques».

Le Défi 15 dessins 15 semaines a démontré qu’il n’était jamais trop tard pour se mettre au dessin ou pour s’y remettre. Peu importe le niveau des participants, qu’ils soient professionnels ou amateurs, établis de longue date ou en début de carrière, le défi n’est facile pour aucun d’entre eux, parce que 7 jours, c’est un laps de temps très court.

Pour Daniel Joyal, artiste du Canada, la raison de sa participation est fort simple. «Le Défi 15 dessins 15 semaines me permet d’être visible. Pour moi qui suis un artiste émergent, c’est une bonne occasion».

Certes, toutes les occasions sont bonnes à saisir pour les artistes qui souhaitent sortir du lot. La motivation des participants est personnelle, souvent axée vers un dépassement de soi, vers une amélioration professionnelle éventuelle et vers une plus ample visibilité car, il faut bien l’avouer, la pandémie et les restrictions n’ont vraiment pas améliorer leur visibilité auprès du public potentiellement acheteur. Pour certains, c’est l’amour de l’art qui a motivé leur participation.

Pour Marcel Mussely, artiste du Canada, qui dessine à l’encre sur de grands formats, sa décision de participer était justement par amour inconditionnel pour le dessin. «Je dessine depuis ma plus tendre enfance et, au grand désespoir de mes parents, je préférais crayonner sur des bouts de carton ou de papier au bout de la table de cuisine, au lieu d’aller faire du sport avec des copains. En tant qu’artiste peintre paysagiste, et fier défenseur de l’art figuratif, pour moi, il faut savoir dessiner si on veut évoluer dans sa pratique artistique et devenir un artiste accompli». L’artiste, qui a une longue feuille de route derrière lui, est aussi un amant de la nature. «La série de dessins que je présente au Défi 15 dessins 15 semaines en fait foi. Dans un premier temps, je fais des esquisses sur place et, par la suite, je peaufine sur ma table à dessin. Lorsque je dessine, il me semble que j’ai accès à une autre dimension et chaque petit coup de pinceaux ou de plume me remplit de joie et de gratitude pour Dame Nature qui nous comble par ses beautés indescriptibles». Le dessin est habituellement un travail préparatoire à des oeuvres à l’huile. «J’aime peindre les nuages, les grands champs, les rives de notre majestueux fleuve Saint-Laurent et c’est à travers mes voyages-références, dans toutes les magnifiques régions du Québec, que je trouve mes inspirations les plus significatives.» La deuxième raison de sa participation était de partager sa passion avec d’autres artistes qu’il connaît et qu’il admire, et découvrir d’autres artistes aussi passionnés que lui pour ce mode d’expression particulière. «Je viens de joindre un autre dessin à la belle palette d’artistes qui participent au défi et c’est avec motivation et satisfaction que je poursuivrai jusqu’à la 15e semaine».

Toutes les oeuvres des 15 artistes participants se trouvent sur une page dédiée à l’évènement sur le site de HEART, Au coeur de l’art – magazine des arts: Cliquez ici pour accéder la page.

Les oeuvres originales sont à vendre directement auprès des artistes, aucune commission n’est donc prise par une tierce partie ou par un intermédiaire. L’initiative avait un double but: soutenir les artistes en arts visuels durement touchés par la pandémie et analyser parallèlement les impacts de celle-ci au niveau de leur créativité et de leur pratique artistique.

Jusqu’ici, ce défi démontre que les artistes n’hésitent pas à sortir de leur zone de confort, veulent se dépasser pour améliorer leur pratique et leur confiance en eux, souhaitent être soutenus et compris dans un métier qui n’est pas facile tous les jours. Dessiner est une discipline en soi, exigente, même si elle semble facile aux yeux de certains. La visibilité donnée aux artistes en arts visuels est primordiale. Elle fait partie du processus professionnel, la vente de leurs oeuvres également.

Le #defi15dessins15semaines est un appel lancé aux amateurs et aux collectionneurs d’art. Il se termine à la fin de la semaine du 7 septembre (soit le 14 septembre).

Merci de soutenir les artistes ❤️

Lire la première partie de l’entrevue avec les artistes du Défi 15 dessins 15 semaines, publié le 12 juillet