Présentation de l’artiste
Nathalie Landry est originaire d’Acton-Vale en Montérégie. Elle a fait des études en dessin du bâtiment avant de réaliser que ce n’était pas un domaine qui lui convenait. Sa grande soif de liberté, elle l’obtient par l’art. Depuis sa plus tendre enfance, l’art est en effet son exutoire dans les moments agréables comme dans les moments difficiles. Femme passionnée et déterminée, elle cherche toujours à aller au bout de ses rêves. Ses créations sont instinctives, intuitives, remplies d’émotions. Son imagination laisse libre cours à son côté rebelle. Sa grande soif d’apprendre la pousse vers la liberté d’apprentissage. Loin des études académiques en art, elle découvre de nouvelles techniques. L’exploration artistique l’entraîne vers l’abstrait, son domaine de prédilection, bien qu’elle ait touché au figuratif dans un style naïf. L’acrylique est son médium principal, aux côtés de l’huile, de l’encre et de l’aquarelle. Elle représente ce qui l’entoure et ce qui la fait vibrer. Ses jeux de couleurs et ses jeux de texture font partie intégrante de son processus créatif. La texture exprime les cicatrices de la vie, quant à la couleur, elle exprime l’émotion à l’état pur. Son travail est en perpétuelle évolution. Elle cherche à faire réfléchir le public, à le faire se questionner et à le faire se positionner face à un sujet donné. Ses oeuvres sont, la plupart du temps, très colorées et mènent l’amateur d’art à visiter plusieurs univers différents. L’insertion d’objets (neufs ou recyclés) apporte de la surprise et de l’étonnement à l’ensemble.
1) Pour réinventer un marché de l’art à l’ère post-COVID, à quoi doit-on renoncer? À quoi doit-on s’accrocher à tout prix ?
Tout n’est pas toujours aux couleurs pastels dans le métier des artistes, même si la couleur est leur matière première. «Je n’aime pas me dire qu’il faille renoncer à quelque chose, je préfère me dire qu’il faut faire les choses autrement. Soyons optimistes!», explique l’artiste qui reste positive devant les nombreux aléas du marché de l’art. «On doit s’accrocher à notre passion.» C’est cette passion qui a poussé l’artiste à choisir ce métier, c’est aussi cette passion qui propulse l’artiste à s’adapter aux contraintes et aux obstacles rencontrés sur son chemin. «Cette passion a permis, pendant la pandémie, de trouver de nouvelles façons d’exposer.» Les concours d’art, les expositions en ligne, les expositions en mode virtuel en réel 3D, les publications numériques ou en version imprimée, les ventes en ligne, les performances en ligne, etc. ont permis aux artistes de retomber sur leurs pattes et de présenter leurs oeuvres pendant cette période où tout était à l’arrêt, où tout était fermé. Avec la reprise des évènements artistiques, certains symposiums ont repris leur activité annuelle, mais certaines galeries d’art (et autres lieux de diffusion) ont, parfois, définitivement fermé leurs portes. Les lieux ouverts au public où l’art se diffuse sont, hélas, de plus en plus difficiles à trouver. Certains ont changé de vocation pour permettre un espace de vie, d’autres affichent complets pour plusieurs années à venir. L’ère post-COVID sera différente à n’en pas douter. «Je me dis que les choses à long terme seront encore mieux.» Des solutions seront probablement trouvées par les artistes ou par ces diffuseurs et amateurs d’art qui souhaitent tellement un retour à la normale car, si l’art est très important dans la vie de l’artiste en tant que moyen d’expression, il l’est autant dans celle des vrais amateurs d’art qui en (re)demandent, marqués par un manque à gagner de plus de deux ans d’abstinence à la contemplation et au bonheur.
2) Quels sont les défis et enjeux auxquels font face actuellement les artistes professionnels en arts visuels et quels seront-ils à l’ère post-COVID ?
Depuis toujours, pour les artistes en arts visuels, les défis sont nombreux, ce n’est pas la COVID qui aura aidé à les surmonter… bien au contraire !
Pour Nathalie Landry, l’un de ces défis est de «garder le cap malgré le manque de ressources». Malgré un investissement du gouvernement dans le monde des arts pour palier au manque de ressources, il n’en reste pas moins que cet argent arrive rarement jusqu’aux artistes. Les subventions sont difficiles à obtenir. Le cadre trop rigide dans lesquelles elles sont présentées ne convient pas à plusieurs artistes en arts visuels.
Par exemple, les projets doivent être présentés longtemps d’avance, avant une date d’échéance, sans savoir si les projets seront acceptés et sans savoir si le lieu d’exposition sera disponible à cette période. Plusieurs expositions prévues en 2021 ont été remises en 2023 à cause de la COVID-19. La programmation des expositions dans certains lieux de diffusion affiche complet jusqu’en 2025. Il est donc difficile de présenter une demande en 2022 pour une exposition qui aura peut-être lieu en 2025, qui sera peut-être retardée, déplacée dans le calendrier ou carrément annulée selon la situation. L’artiste doit donc attendre en 2024 pour présenter une exposition programmée en 2025 dont il/elle a fait une demande d’exposition auprès du lieu de diffusion en 2022. Où est cette ressource du gouvernement? Car, il ne faut pas se leurrer, la demande de subvention pour cette hypothétique exposition en 2025 n’est pas encore acceptée! Or, pendant tout ce temps, l’artiste a travaillé sur son exposition de 2025. Ceci n’était qu’un exemple parmi tant d’autres.
«Être inventive, chercher à aller plus loin dans sa folie pour se démarquer. Apprendre à gérer les réseaux sociaux de façon à augmenter sa visibilité» sont d’autres défis auxquels fait face l’artiste au quotidien. Elle n’est pas la seule artiste en arts visuels à souhaiter cette augmentation de visibilité pour sortir du lot.
Au Québec, on le sait, il existe un grand nombre d’artistes en arts visuels. Certains sont même très talentueux. Or, aujourd’hui, le talent ne suffit plus pour permettre à l’artiste de vivre de son art. Il faut d’autres outils, d’autres cordes à son arc, d’autres astuces pour se sortir la tête hors de l’eau. «Notre visibilité depuis la COVID, ne tient presque plus qu’au virtuel, mais on sait tous que l’art doit se voir en vrai pour en apprécier tous les aspects». Être visible sur Internet de nos jours est un travail de tous les instants. Chercher un(e) artiste peintre sur Internet sans connaître son nom, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Il faut faire une recherche avancée, plus poussée, pour trouver le/la peintre que l’on recherche. Il est de plus en plus difficile d’être visible et de capter l’attention dans ce flot qui circule constamment sur les principaux réseaux sociaux. Être connue et reconnue pour son travail n’est pas simple. C’est tout un défi.
L’un des enjeux pour l’artiste est justement la reconnaissance. «Être reconnue pour mon travail, car être artiste, ce n’est pas un emploi de 40 heures semaine. C’est un travail de centaines d’heures par semaine.» A part la pratique de son art qui demande beaucoup de temps, l’artiste gère aussi ses publications sur les réseaux sociaux, elle s’occupe de son site web qui doit toujours être à jour, elle alimente les galeries en ligne où elle vend ses oeuvres. Elle doit également envoyer des dossiers de candidature pour de futures expositions, s’inscrire à des symposiums et envoyer des tableaux par la poste ou par transporteur en cas de vente. Il ne faut pas oublier le suivi avec la clientèle et la comptabilité, etc. C’est comme mettre deux semaines de travail dans une seule. C’est du matin au soir, dès le lever jusqu’au coucher. Il n’y a pas de jours de congé, pas de vacances. Il n’y a pas non plus de filet de sécurité en cas de maladie ou d’accident de travail. Il n’y a pas d’assurance-chômage quand il y a un arrêt soudain (comme ce fut le cas pour la pandémie). Le statut de travailleur autonome est bien différent de celui du travailleur salarié. L’artiste qui ne vend pas n’a pas d’argent qui rentre pour payer les factures, d’où l’urgence d’organiser son quotidien en fonction de son art et d’augmenter sa visibilité en tant qu’artiste car la survie financière en dépend. «De plus, l’artiste pour s’exposer doit payer. Ouais, payer pour travailler ! L’enjeu est de taille!» Les inscriptions aux divers évènements ne sont, hélas, pas gratuites.
3) Pour survivre à court, moyen et long termes, l’artiste doit-il/elle miser sur le développement de son public ou le développement de son art ?
«Selon moi, l’artiste doit travailler à développer son public, car le contact avec les gens est primordial. L’artiste se nourrit des vibrations et des commentaires des gens, c’est ce qui le fait évoluer dans son art», explique l’artiste. Par définition, les arts visuels sont… visibles. Ils sont faits pour être vus, regardés, admirés, contemplés. La visibilité de l’artiste est donc un élément primordial si l’artiste veut miser sur le développement de sa carrière professionnelle. La visibilité et la reconnaissance de l’artiste, auprès d’un public amateur d’art, sont des conditions sine qua non du développement de carrière. Or, le développement de son art par la pratique est également essentiel pour obtenir une reconnaissance par l’excellence. «Donc, l’un est essentiel à l’autre. Conclusion : un artiste ne peut pas grandir sans un public.»
Est-ce que l’ère post-COVID offrira plus de lieux d’exposition gratuits pour les artistes ? La question demeure entière. L’artiste reste, quant à elle, optimiste. Comme elle le disait si bien au début de l’article: «Je me dis que les choses à long terme seront encore mieux.»
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