Présentation de l’artiste
Née en 1954 à Roberval (Canada), CHAGUY (Chantale Guy) fait carrière au gouvernement pendant 39 ans, tout en préparant doucement sa retraite. Parallèlement à sa carrière, elle peint. En 1995, elle débute cette passion qui, au fur et à mesure, prendra de plus en plus de place dans sa vie. En 1998, elle obtient un DEC en arts et lettres au Cégep de Saint-Félicien. En 2004, elle fait son premier symposium de peinture dans cette ville. En 2006 et en 2009, elle suit des ateliers de développement et de perfectionnement. Elle enseigne également la peinture. Depuis 2008, l’artiste est beaucoup plus active. C’est d’ailleurs dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean qu’elle se fait connaître en premier. Ses expositions l’amènent, par la suite, à présenter son travail à Trois-Rivières et à Québec. Elle obtient un Prix du public en 2001 à Saguenay, puis un Premier Prix en 2002 à Roberval. C’est un début. En 2010, elle est présidente d’honneur du Symposium de Val-Jalbert et en 2018 à Roberval (Symposium Multi’Art). En 2012, elle obtient une mention d’honneur au même symposium. Toujours en 2012, elle fait une conférence lors de la rencontre mensuelle des retraités du gouvernement provincial et elle est nommée artiste responsable de la fresque des 50 ans de la Bibliothèque de Saint-Félicien. Un grand projet en amène un autre: fin 2012, elle rejoint le Collectif International d’Artistes ArtZoom (CIAAZ) pour une nouvelle perspective d’avenir. Elle souhaite désormais accéder à un autre niveau dans sa carrière, ce qu’elle fera quelques mois plus tard. En 2013, elle expose à la 3e édition de l’Internation’ART, un évènement international à Roberval (Canada) qui présente des artistes du Canada, de France, de Belgique et du Luxembourg. Elle entre de façon permanente chez Art Total Multimédia (agence d’artistes et galerie d’art internationale). En septembre de la même année, elle fait le grand saut jusqu’à Libramont en Belgique. Elle participe à LIBR’ART – le troisième plus grand salon d’art contemporain de Belgique et le plus gros rassemblement d’amateurs d’art et de collectionneurs de la Wallonie. Elle représente le Canada, à cette occasion, aux côtés d’autres artistes sous la bannière d’Art Total Multimédia, la seule galerie d’art canadienne de ce prestigieux salon. Cette première exposition majeure à l’étranger lui permet d’obtenir une reconnaissance officielle en tant qu’artiste de niveau international. Depuis 2014, on la retrouve occasionnellement à L’Espace contemporain, une galerie d’art de Québec. En 2017, elle est expertisée par une experte en art qui établie avec justesse la valeur de son travail sur le marché de l’art au Canada, mais également au niveau international. 2018 est une année charnière pour l’artiste. Elle est représentée par une agente d’artistes qui oeuvre sur deux continents. Leur première collaboration professionnelle a eu lieu avec le commissariat de son exposition personnelle, intitulée « Distorsion’art », présentée à Roberval (Canada). En 2018, CHAGUY est indexée chez ArtPrice, leader mondial de l’information sur le marché de l’art, dans le Répertoire des peintres canadiens Lareau et dans la liste des peintres canadiens sur Wikipedia. En décembre 2018, CHAGUY fait son entrée en tant qu’artiste permanente au Musée d’art contemporain VR 3D (MACVR3D), un musée axé sur les nouvelles technologies, qui est géolocalisé à Longwy en France. Elle y expose plusieurs oeuvres lors de l’exposition inaugurale aux côtés de 7 autres artistes. En 2019, elle expose en France, à Audun-le-Tiche et à Étain, dans des salons internationaux d’art contemporain, et dans un trio à Longwy dont l’exposition est intitulée « Du Québec à Longwy ». En 2020 elle présente une exposition personnelle de six mois dans un musée d’art contemporain en France. En 2020, 2021 et 2022, elle fait partie des quelques artistes professionnels qui participent à une étude sociologique sur les effets de la pandémie dans la pratique artistique chez les artistes en arts visuels.
1) Pour réinventer un marché de l’art à l’ère post-COVID, à quoi doit-on renoncer? À quoi doit-on s’accrocher à tout prix ?
L’artiste organise sa vision du marché de l’art en quatre points: 1) les ventes publiques (les enchères) comme celles de Sotheby’s, Christie’s, Drouot, Heffel, etc., 2) le marché des galeries et des musées, 3) les expositions personnelles y compris les symposiums et, finalement, 4) son atelier personnel à Saint-Prime (au Saguenay-Lac-Saint-Jean). «Un jour, à mes débuts dans le monde de l’art, je me suis présentée à une galerie d’art de Québec. Un monsieur très gentil m’a accueillie. Je lui ai présenté mon c.v. et des photos de ce que je peignais. Par gentillesse, il a regardé mon portfolio et il m’a posé la question: «Êtes-vous une peinture du dimanche?» Je lui ai demandé la signification. «Peignez-vous la fin de semaine seulement, tout en travaillant?», m’a-t-il demandé. J’ai répondu oui. J’étais une peintre du dimanche car je travaillais 5 jours par semaine; je ne consacrais, donc, que 2 jours à mon art. Il m’a félicité pour mon travail et m’a encouragé à suivre des cours et à participer à des expositions. J’étais dans la dernière catégorie du marché de l’art. Depuis, j’ai suivi des cours et j’ai fait des solos et des expositions collectives au Canada et en Europe. Je fais partie d’un collectif international d’artistes, ce qui me définit comme étant de la troisième catégorie, tout en étant souvent dans mon atelier». Est-ce cela qui définit l’artiste? Est-ce le nombre d’heures ou de jours consacrés à l’art qui détermine le statut professionnel d’un(e) artiste? A la retraite depuis plusieurs années, l’artiste est beaucoup plus active sur le marché. Elle fait désormais partie d’une collection permanente dans un musée en France depuis 2019, elle a représenté le Canada en Europe, on la retrouve dans plusieurs publications, etc. Elle a accumulé des points selon sa vision du marché de l’art.
«Je dois renoncer à l’isolement car je dois voir, rencontrer, des gens, leur parler, essayer de comprendre la réaction de leur regard face à mes toiles». Cela fait partie du métier, même si l’artiste aime se retrouver seule, avec ses livres, ses pinceaux et ses toiles. «J’aime voir les couleurs, les mélanger, leur donner une autre vie, un autre sens». L’artiste qui signe ChaGuy ne veut pas réinventer le marché de l’art. «Je considère que ce n’est pas mon travail». En effet, les lacunes du système ne peuvent être imputées aux artistes car le marché de l’art est une structure complexe avec de nombreux acteurs qui en sont les rouages. «Je m’accroche à ce que je peux changer. Je peins. C’est ma raison d’être!» Envers et contre tout, même si le métier est difficile, être artiste, ça ne s’invente pas. C’est un état d’être, un état d’âme. Peindre est un besoin vital. Le galeriste aurait dû le comprendre et aurait dû lui donner sa chance dès le départ.
2) Quels sont les défis et enjeux auxquels font face actuellement les artistes professionnels en arts visuels et quels seront-ils à l’ère post-COVID ?
«Que me réserve l’avenir? Quels enjeux ferai-je face?» L’artiste est remplie de questionnements, notamment sur son talent, sur sa valeur, sur la façon d’augmenter sa reconnaissance pour atteindre la fameuse catégorie des rares artistes vendus aux enchères lors d’une vente publique. «Qu’est-ce que je veux être pour le monde extérieur? Quel est le but, la mission, l’intérêt de représenter quelque chose de plus?» L’artiste souhaiterait vivre de son art, peut-être entrer dans une galerie de façon permanente, mais quoi qu’il en soit, elle voudrait continuer de peindre ce qu’elle aime, ce qui la touche, ce qui la fait vibrer. Elle avoue ne pas avoir toutes les réponses à ses questions. «Je n’ai toujours pas de réponse sur ce que seront les enjeux et les défis après la COVID. Tout ce que je sais, c’est que, pour moi, ça n’a rien changé, car j’étais seule dans mon atelier avant la COVID, pendant la COVID et je le serai sans doute après la COVID.»
3) Pour survivre à court, moyen et long termes, l’artiste doit-il/elle miser sur le développement de son public ou le développement de son art ?
«Je réponds, sans hésiter: le développement de son art. Comment survivre en menant de front deux activités si différentes?» Pour survivre, l’artiste mise donc sur son travail en atelier. «Pour survivre à la concurrence, je comprends que je devrais développer mon public par tous les moyens.» Ayant eu, pendant des années, une agente qui s’occupait de cette partie, l’artiste s’est dotée d’outils de présentation non négligeables, grâce à cette précieuse collaboration. «Depuis 2013, qu’est-ce qui a changé en moi? La maturité, très certainement. L’expérience m’a fait réaliser que je suis une artiste qui aime sa vie comme elle est, que je sois professionnelle n’y change rien. Les regards des autres ont évolué et je suis contente du titre d’«artiste professionnelle», mais cela ne donne rien de plus qu’une reconnaissance. Est-ce dû au fait que je vive en région? Est-ce dû à la qualité de mes réalisations? Au trop grand nombre d’artistes depuis les vingt dernières années? Parce qu’il est de plus en plus difficile de vivre comme artiste peintre que l’on soit professionnelle ou artiste du dimanche.»
En 2020 et 2021, l’artiste a tenté de faire plus de publicité autour de son travail, mais la pandémie lui a fait comprendre qu’elle n’était qu’une goutte d’eau dans un océan. «J’ai perdu ma détermination, mon désir de performance, ma volonté de me faire remarquer par les collectionneurs». L’artiste assure qu’elle va néanmoins poursuivre son travail car peindre est un besoin vital pour elle. «Mon bonheur réside en moi. Je vais continuer de donner des cours à des enfants et à des adultes. Je vais aussi participer à des expositions solos, collectifs en mode présentiel et en mode virtuel, pour garder mon statut d’artiste peintre professionnelle», mais le vif désir d’aller plus loin, d’aller plus haut, d’aller plus à fond dans le marché de l’art, a été en partie anéanti par la pandémie qui a usé plus d’un artiste.
Finalement, la survie à long terme, c’est déjà d’essayer de survivre à court terme… et ce n’est pas chose aisée, même si le talent est présent, même si on est un(e) artiste professionnel(le).
SUR INTERNET
www.artzoom.org/chantaleguy