Bruno Montpied à L’Atelier Véron

L’Atelier Véron présente le vernissage de Bruno Montpied, le jeudi 25 janvier 2024 à partir de 18h00

L’exposition est présentée, quant à elle, du 25 janvier au 20 février 2024

 

EXPOSITION

Enfant, on cherche à faire ce que l’on voit, ce que l’on croit voir. Et donc, naturellement, on adopte une posture réaliste. Nos grâces, nos naïvetés puériles, nous n’en avons pas conscience, ceux qui pensent cela, ce sont les adultes, ça n’a pas de valeur à nos yeux… On veut à toute force reproduire ce que l’on voit, et c’est pour cela que tant d’enfants, débutant leurs dessins, disent dès le premier coup de crayon sur la feuille : « Oh zut ! J’ai raté… ». Et puis on grandit. Le monde environnant conspire à vous faire entrer dans ce que l’on appelle d’un terme hypocrite, « la vie active ». Fini les colliers de nouilles, les architectures de gommettes, les têtes à Toto. Il faut passer aux choses « sérieuses ». Pourtant, en marge de ses notes d’étudiant, la main griffonne ce qu’ailleurs on nomme des « dessins de téléphone », ces gribouillis plus ou moins informes que l’on dépose sur un support de fortune. En visite chez des amis, auxquels leurs parents, sans grands moyens, avaient attribué une minuscule chambre, on découvre que ces amis n’ont pas arrêté de peindre, de sculpter, de dessiner, creusant les murs de leur galetas pour y loger des niches avec des petits bonshommes, décorant leur porte d’une fresque avec un château de conte de fée, un Neuchwanstein du pauvre avec des frises en coquilles de noix, peignant leurs plinthes de motifs ornementaux géométriques à la Cobra. « Pourquoi ai-je arrêté, moi, de mon côté ?», se dit-on alors… Tout le monde fait-il donc ainsi, refoulant ses besoins d’expression, ses désirs de démiurge, à l’âge dit, de manière assez infâme, « de raison » ? On remet la chose en question. Et l’on reprend le fil, et l’on ouvre dès lors résolument la porte des contrées et fantaisies parallèles.

– Extrait d’un texte de Bruno Montpied, 21 juin 2018.

COLLECTION BRUNO MONTPIED

Singulièrement, au sein des artistes de ce temps, j’aime rassembler autour de moi tout ce qui me touche, me choisit (car les œuvres autres vous élisent tout autant que vous les élisez vous-mêmes), ou me retient, parallèlement à ma propre expression. On dit que ce ne serait pas une bonne chose que d’avoir plusieurs casquettes, de jouer plusieurs rôles. Je ne suis pas d’accord. Aimer d’autres créations, en parler, tel un journaliste ou un critique d’art, voire même en historien de l’art (en l’occurrence plutôt de l’art populaire), collectionner (puisque c’est le terme consacré pour qualifier celui qui rassemble autour de lui tel ou tel corpus d’œuvres), expertiser même… Toutes ces démarches vont d’un même pas à mes yeux, tombant sous le sens. Je défends l’art singulier (art semi-professionnel, anarchique, apparu en marge de l’art brut et de l’art naïf qui l’ont précédé), l’art naïf (que je cherche à faire réévaluer ‒ témoin cette exposition que j’ai montée au Musée d’Art Naïf et d’Arts Singuliers à Laval, à l’automne 2023, où j’avais choisi au sein de ma collection 40 œuvres de 35 artistes pouvant illustrer le concept d’un « Singulier de l’art naïf »), l’art brut (tel qu’il se rassemble dans la collection du même nom à Lausanne, ou au LaM de Villeneuve-d’Ascq, dans le Nord), l’art populaire passé ou contemporain (où l’on rencontre beaucoup d’anonymes aux œuvres curieuses, se défendant presque seules), l’art modeste (autre nom de l’art populaire contemporain) et, plus généralement, toute une cohorte de créateurs hyper individualistes, des francs-tireurs de l’art peu susceptibles d’être classés dans les catégories précédentes, des isolés inclassables… Mais, ce qui est essentiel : inventifs, originaux, déroutants…A l’occasion de l’exposition que je propose à l’Atelier Véron consacrée à une vingtaine de mes propres productions, voici donc une dizaine d’œuvres d’autres créateurs qui m’entourent au quotidien dans mon petit appartement montmartrois.

– Extrait d’un texte de Bruno Montpied


L’ATELIER VERON

L’Atelier Véron est une galerie intimiste, entourée d’ateliers d’artistes sculpteurs. La galerie est située en plein cœur de Montmartre, à deux pas de la Halle Saint-Pierre à Paris (France). L’Atelier Véron a été créé en 2018 par Jacques Tenenhaus, sculpteur. Elle est l’une des rares galeries en France à mettre en avant l’art brut, l’art singulier ainsi qu’un éventail d’artistes comme: Marion Oster, Tali Randall, Lara Blanchard, Jaber, Didier Hamey, Sylvia Katuszewski, Raâk, Logovarda, Frédéric Beauchamp, Bruno Montpied, etc.

La galerie possède également un important nombre de lithographies de l’imprimerie Mourlot. L’Atelier Verron travaille en étroite collaboration avec Éric Mourlot, petit-fils de l’imprimeur, ce qui permet à la galerie de proposer au public un très large choix de grands noms tels que Picasso, Cocteau, Miró, Braque, Matisse, etc.

INFO
L’Atelier Véron est situé au 31, rue Véron, à Paris 18e (France)
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