De l’Argile des Marais, du Morta de Brière : des créations de Céramique contemporaines dialoguent avec des collections du Musée des marais salants. Formes et matières deviennent l’expression d’un lien secret entre objets témoins du passé et créations d’aujourd’hui. 25 œuvres originales sont à découvrir, unissant ces deux matières. L’exposition Terres & Morta de l’artiste Gilt (Gilles Thiebault) est présentée du 5 février au 26 juin 2022 au Musée des marais salants, situé Place Adèle Pichon à Batz-sur-Mer (44) en France. Le 22 avril et le 6 mai 2022 à 14h30, le public pourra rencontrer l’artiste lors d’un temps de partage sur sa démarche de création. Ces dialogues autour de l’exposition d’une durée de 1h30 sont gratuites et sur réservation.
L’artiste Gilt et ses oeuvres
Après avoir utilisé de nombreux moyens d’expressions graphiques et numériques, GILT, à 65 ans, retourne aux sources des éléments : la Terre, le Feu, l’Eau et l’Air. Ainsi, c’est en travaillant sur ces quatre éléments et sur les matières, que GILT trouve dans les Terres Enfumées et la Céramique Contemporaine un nouveau champ d’exploration infini où toutes les nuances et formes sont possibles.
Ses créations sont issues de la Nature où ses modèles sont les Pierres et ses outils l’Ardoise. Ensuite, il malaxe la Terre et, la Terre communique son histoire, son lieu géographique et sa sédimentation, mais, aussi sa couleur, son toucher, les superpositions, les inclusions. Les traces et empreintes s’ajouteront à la forme initiale pour une nouvelle expression avec des formes inventives, fruits de son intuition et de sa créativité. Gilt se révèle dans des œuvres ou la matière est particulièrement présente.
Puis en puisant dans les recherches de ses prédécesseurs, GILT apporte à ses créations par les engobes, les émaux et l’enfumage, de nouvelles couleurs, de nouvelles matières toujours étonnantes et pleines de nuances. C’est avec la cuisson dite Primitive, que GILT finalise des créations qui sont à chaque fois une surprise. En effet, chaque réalisation est unique par sa forme mais aussi par la technique même, une véritable école de l’humilité qui demande une extrême exigence. L’œuvre une fois terminée prend son sens par ce qu’elle exprime, suggère ou tout simplement par sa présence.
De l’argile et du morta
«Habitant à Pornichet, c’est tout naturellement que j’ai associé deux matières de ma région : la Terre de marais salants et le Morta de la Brière. Et je vous propose de découvrir 25 œuvres originales qui unissent ces deux matières».
La Terre des marais salants de Guérande est constituée de vase plus ou moins sèche, de salinité et de dureté : c’est l’argile bleue flandrienne. Ces argiles ont été déposées peu à peu entre 11 000 ans et 5 500 ans avant notre ère.
«J’aime cette matière humide, on y voit de nombreux reflets et scintillements mais aussi des restes de végétaux, du sable, des coquillages, des algues et d’autres matières».
Le Morta vient de Brière, c’est un arbre fossilisé, enfoui dans la tourbe. La Brière constitue une des limites naturelles de la Presqu’île Guérandaise.
C’est une immense dépression lagunaire recouverte en eau il y a 10 000 ans, qui a vu se développer une végétation qui, par sédimentation, a contribué à la formation d’un sol tourbeux. La pluviosité importante avec le faible écoulement des eaux a permis à ce sol gorgé d’eau de développer une végétation particulière, différente de celle des marais salants.
«J’aime le Morta car à l’inverse de l’argile, il est extrêmement dur et se travaille difficilement. C’est une matière noble, qui est utilisée par plusieurs artisans de la région».
«Vivant proche de la nature, j’habite sur la Presqu’île de Guérande et je vais régulièrement dans les marais salants et dans la Brière. A chaque fois, c’est une nouvelle découverte de couleurs, d’odeurs, de formes. Les marais salants et la Brière sont des lieux propices à la création qui offrent une relation d’amour avec la nature et sa matière organique, celle de notre région».
La technique de l’artiste Gilt
« La difficulté n’est pas tant de lier la matière en la fixant ou en la juxtaposant, mais en l’unissant comme une symbiose afin que la texture et la forme de chacun des ensembles soient en harmonie. Il m’arrive également de les déstructurer pour améliorer la forme initiale et trouver l’assemblage le plus accompli. Ces deux matières qui ne peuvent se mélanger s’unissent et une interdépendance se crée en une œuvre concrète».
GILT associe la matière et la confronte. Ainsi, il oppose le lisse et le rugueux, le plein au vide, l’épais au fin, le brillant au mat. Il éclate, colle, transforme et pratique une exploration de la matière qui permet à son imagination de s’ouvrir.
Une fois assemblée, la texture initiale fluide, vaseuse, se modifie, se structure, sèche et se solidifie pour devenir et pour exister.
Puis, il fait une cuisson à basse température dite « biscuit » en atteignant les 980° qui permettront à l’argile de se solidifier. Enfin, pour terminer, il utilise la technique d’enfumage où le feu et la fumée mettront leur touche finale.
Dans d’autres créations, il a utilisé la terre blanche de Langeais, qui est issue d’une carrière naturelle de la Région Centre-Val de Loire. La démarche est la même que pour la terre des marais salants.
Après une deuxième cuisson, l’Argile devient d’un beige très clair avec des nuances rouges. Il y a associé, à l’inverse des sculptures précédentes, du Morta non « brut » avec des parties très lisses et poncées qui contrastent avec les parties brutes. Cet ensemble nous rappelle la Tourbe qui brûle et que l’on trouve également sous la terre de Brière. Le beige clair de la terre de Langeais avec des nuances rouges et le brun foncé du Morta permettent un contraste d’une intensité puissante, presque graphique.
Info
Musée des Marais salants
Place Adèle Pichon
44740 Batz-sur-Mer
(France)
Pour réservation: tél. (33) 02 40 23 82 79
https://www.museedesmaraissalants.fr/accueil
Crédit photo: Courtoisie