Sophie Lebeuf, propriétaire de Galerie 5, est extrêmement fière d’annoncer l’exposition POINT-95 de l’artiste multidisciplinaire et émérite Jérémie Giles, qui se tiendra du 3 au 30 avril en sa galerie, située au 2365 rue Saint-Dominique à Jonquière (Québec). L’inauguration de l’exposition aura lieu le dimanche 3 avril de 13h à 18h et sera ouverte au public. Les visiteurs pourront ainsi rencontrer l’artiste. Celui-ci accueillera également le public tous les lundis, mardis et mercredis d’avril de 14h à 16h. De plus, Sophie Lebeuf ouvrira les portes de Galerie 5 tous les jeudis et vendredis de 18h30 à 21h30, les samedis et dimanches, de 13h à 16h.
«Je suis tellement heureuse de faire cette annonce et de pouvoir poursuivre mes activités». En effet, en janvier dernier, la propriétaire de Galerie 5, également artiste professionnelle et professeur d’art, annonçait tristement la fermeture de Sofia Art Studio, son école d’art, ainsi que Galerie 5, la partie galerie de ce projet qui était le rêve d’une vie. Or, encouragée par plus de 200 messages de soutien Sophie Lebeuf a recommencé le 8 mars dernier ses activités d’enseignement. L’exposition POINT-95 de Jérémie Giles lance donc en beauté la programmation renaissante printemps/été de Galerie 5.
«J’ai le privilège d’accueillir un artiste qui est une icône pour notre région par sa personnalité, par son art, par son implication et son rayonnement».
L’EXPOSITION POINT-95
Cette exposition, constituée en partie d’un fonds d’atelier, souligne le 95e anniversaire de Jérémie Gilles survenu le 13 février dernier. La pièce-maîtresse de POINT-95 est une oeuvre, présentée en vitrine depuis le début mars, composée de 95 empreintes de la main de l’artiste et signée de sa date de naissance.
«Dès mon très jeune âge, je réalisais à quel point j’étais privilégié du simple fait d’exister», explique l’artiste. «Les yeux toujours grands ouverts, je percevais alors ceux de ma mère qui semblaient m’annoncer que ma vie serait comme un sentier et que je devais moi-même le tracer tout en devenant conscient de l’importance d’un certain ordre social, dont l’esprit de famille.» Allergique à l’enseignement moral, à la «normalité» dont tous devaient être issus d’un même moule, Jérémie Giles s’est rebellé, en quelque sorte. Il voulait être l’artisan de son propre destin, de sa propre pensée, de ses propres choix et convictions. «J’ai choisi de me façonner par ce que je voyais, lisais, entendais, touchais et humais (…). J’ai appris par la réflexion, l’audace et la pratique car, selon mes expériences, il faut le faire pour le savoir. A ce jour, je continue de corriger le mot impossible en éliminant les deux premières lettres. Selon mon expérience, la créativité en peinture, à titre d’exemple, ressemble à celle que l’on éprouve en chant et en musique».
Jérémie Giles, peintre et sculpteur, grand homme d’art et de culture, qui a beaucoup fait pour la communauté artistique, raconte: «La pratique de l’art, pour moi, n’a pas été une affaire de démarche, d’école ou de style». Pour l’artiste, il n’y a jamais eu de séparation entre figuratif et abstrait. «Si j’éprouvais ce besoin viscéral de peindre, ce n’était pas vraiment pour m’inscrire dans le temps, c’était surtout pour le plaisir de découvrir, m’enrichir, me souvenir, pour dire et aussi pour partager et faire plaisir. Bref, j’ai peint pour vivre et jamais, jamais, pour en vivre, même si l’un n’empêche pas l’autre».
L’artiste à qui l’on doit, entre autres, près de 35 bronzes (bustes et personnages en pied) depuis 1964, notamment sa contribution au circuit de bustes à Roberval et, au moins 7500 oeuvres peintes, s’est tout de même inscrit dans l’histoire du Québec et du Canada. Il a représenté plusieurs grands personnages en bronze: Samuel de Champlain (3 mètres de hauteur), Sir John Alexander Macdonald (grandeur nature), George-Étienne Cartier (grandeur nature), Tessouat le chef algonquin de la nation Kichesiprini (3 mètres de hauteur), Francis Peabody (grandeur nature), Joseph Albert Pierre Paul Pilote (grandeur nature), Gilles Vigneault (buste), Jean Dallaire (buste), Pierre Elliott Trudeau (buste), René Lévesque (buste), Brian Mulroney (buste), etc.
Alors que sonnait ses 95 ans, l’artiste a mis fin à la sculpture. «Mes deux derniers bronzes furent ceux de l’ex-premier ministre canadien Brian Mulroney et celui de Mgr Napoléon Alexandre Labrie, lequel sera dévoilé prochainement à Baie-Comeau. Mes cinq doigts refusant d’obéir instantanément, mes compositions au piano doivent prendre une retraite obligée. Aujourd’hui, je mets à l’épreuve mon peu de connaissance de Molière pour réfléchir afin de dire». Quant à sa peinture, elle exprime ses derniers sourires par l’exposition POINT-95.
UN ARTISTE HORS DU COMMUN
El Centro et Holtville en Californie ont porté les traces dès 1946 de murales signées Jérémie Giles. La ville de Syracuse, dans l’État de New York, a été témoin d’une exposition de l’artiste en 1949. Des murales, des oeuvres peintes, des bronzes et des expositions ont été réalisés et présentés aux États-Unis et au Canada, notamment en Ontario, en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick et au Québec; une bonne cinquantaine d’expositions thématiques, de groupes et de symposiums aux quatre coins du Québec.
Ce que le public ne sait pas forcément, c’est que, à la fin des années 50, l’artiste a pris part avec un groupe de collaborateurs au financement et à la construction du Centre d’art Manicouagan à Pointe-Lebel, près de Baie-Comeau. Ce centre a été l’une des premières boîtes à chanson au Québec, inaugurée par Gilles Vigneault en 1964.
En 1960, c’est à titre de membre des Toastmasters International qu’il entre membre de La jeune chambre de commerce, afin de participer à un concours d’art oratoire traitant du sujet de l’immigration et ses effets culturels au pays. En 1961, il est déclaré Champion au Québec et Bon Second au Canada. En 1967, il est l’invité à une séance des Nations Unies du Canada pour animer un atelier composé de plusieurs adolescent(e)s traitant du même sujet.
En 1971, l’artiste devient instigateur du concept qu’il nomme le parcellisme. C’est un concept né du besoin de démystifier, sur le plan appréciatif, la démarcation entre la peinture figurative et celle que l’on qualifie d’abstraite. C’est un qualificatif pour décrire l’acte d’extraire une parcelle d’un sujet ou d’une image et de la transposer sur une surface agrandie. Cette image nouvelle est complète, mais constitue un élément d’un grand tout.
En 1984, suite à son exposition «Hommage aux Patriotes et autres». Il reçoit le prix du Mérite patrimonial Fleur bleue au Musée régional du Haut Richelieu.
Il est le fondateur du Symposium de peinture de Baie-Comeau, en 1987, l’un des premiers évènements du genre (sinon le premier symposium) au Québec.
De plus, à titre d’héraldiste, Jérémie Giles est le dessinateur de plusieurs armoiries de villes au Québec. Il est aussi le designer et le constructeur des présentoirs thématiques du Centre d’interprétation des sciences de la terre de Saint-Constant. Il a été le responsable de la restauration d’un bâtiment patrimonial qui fut converti en Écomusée des sciences de la terre et a reçu des éloges de la part de l’astrophysicien et environnementaliste Hubert Reeves et du polytechnicien et généticien des populations Albert Jacquard. Il est l’artiste responsable des illustrations de la préhistoire de la Vallée de l’Outaouais.
Il a été récipiendaire du Prix La Rose de Larochelle et nommé Patriote de l’année en 1989.
L’artiste qui s’intéresse également à l’horticulture et à l’aménagement paysager a remporté plusieurs 1er Prix de la Société des Glaïeuls du Québec et le Prix du Best Arrangement de la North Amerian Gladiolus Council en 1989.
En septembre 2007, Jérémie Giles a eu l’idée de créer une société qui rendrait hommage aux personnes ayant contribué de manière exemplaire à la richesse culturelle du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Il a fondé l’Ordre du Bleuet.
Il est l’auteur d’un projet sans pareil, intitulé «L’art est un miroir», une collection d’hommages posthumes à 80 artistes peintres canadiens; une collection présentée à travers le Canada. Cette collection a été retenue pour marquer l’évènement de Saguenay capitale culturelle du Canada en 2010. Dix ans plus tard, Jérémie Giles a été honoré de la médaille de l’Assemblée Nationale pour la réalisation de ce projet, par la ministre des Affaires Culturelles du Québec, l’Honorable Nathalie Roy.
Il est difficile de faire le tour de toutes ses réalisations, de tous ses prix et distinctions reçus au cours de sa longue carrière, de toutes ses implications en tant que grand homme d’art, mais il est certain que son Oeuvre multiforme ne sera jamais oubliée et qu’on parlera encore de lui dans 100 ans.
Tout au long de sa vie, l’artiste s’est intéressé aux sciences humaines, aux sciences de la terre, à la flore, à la faune, aux arts visuels, à la musique, à la littérature, etc. Pour certains, il est un mentor, un ami, un confident, un illustre artiste, un homme-orchestre avec n’innombrables cordes à son arc. Pour d’autres, il est tout simplement un exemple à suivre.
«Mon art n’est pas une question de style. Je n’ai jamais voulu et surtout, je n’ai jamais pensé que je devais toujours voir les choses du même angle. Parce que je tiens à explorer pleinement ce jardin qui est le mien, j’emprunte des sentiers que je façonne dans toutes les directions. Peinture, sculpture, collage et installations, et ce, sans devoir me restreindre à la figuration. Pour les galeries et ceux qui peuvent avoir de la difficulté à me reconnaître d’une oeuvre à une autre, cela m’importe peu, pourvu que moi, je puisse me reconnaître».
POINT-95 est donc le point d’orgue d’une carrière exemplaire, sans bémol, et d’une longue vie qui s’est toujours enrichie d’art et de culture sous toutes les formes.
Son exposition, à la portée de tous, présentée tel un soupir dans une symphonie et non comme un silence, est présentée du 3 au 30 avril à la Galerie 5, située au 2365 rue Saint-Dominique à Jonquière (Québec).
POUR INFO
Sophie Lebeuf, Galerie 5 | 418-590-5920
Crédit photo: Courtoisie