Le Pays de Concarneau de Muriel Cayet fait 89 x 116 cm. Cette oeuvre peintre toute en bleu, rouge, jaune, blanc et noir, rappelle sans conteste « Concarneau la ville bleue », comme on se plaît à l’appeler, dans le Finistère en Bretagne. La commune, construite au Moyen-Âge, à partir de la ville close, est située dans l’estuaire du Moros. La commune, littorale et légèrement vallonnée, a des altitudes basses et hautes que l’on retrouve dans cette peinture sous la forme de strates narratives. Les faubourgs se sont développés sur le continent autour de cette île-cité. En effet, ce n’est que tout récemment dans l’histoire de Concarneau que la ville est sortie de ses remparts. Plusieurs peintres l’ont immortalisée: Cooper, Signac, Schuffenecker, Guillou, Ewert… et tant d’autres.
Quand on étudie attentivement l’oeuvre de Muriel Cayet, on découvre tous les éléments qui composent géographiquement l’endroit. Or, la lecture symbolique de cette peinture, nous en apprend un peu plus sur l’artiste, cette compagne de voyage, également auteure et art-thérapeute. Elle raconte ses souvenirs de voyage comme un récit imagé qui débute par l’entrée dans les faubourgs. Les maisons en rangée sont au premier plan. Comme la cité, comme le temple, symboliquement la maison est au centre du monde, elle est l’image de l’univers. Les flèches d’église ponctuent le paysage, symboles des échanges entre le ciel et la terre, entre le conscient et l’inconscient. Elles veillent sur la population terrestre, comme le phare veille sur les marins qui voguent sur les flots changeant de l’âme humaine. Ici, tous nos sens sont convoqués pour nous aider à naviguer contre vents et marées, à appréhender les profondeurs et à trouver notre cap. L’espace de vie, situé sur deux strates narratives, est morcelé par les couleurs et par le dynamisme de la cité. Le ciel, cette troisième strate, est rempli de souvenirs, de voyages imaginaires dans lesquels les barques et bateaux prennent une place importante. Ceux-ci sont le symbole par excellence du voyage, de la traversée accomplie soit par les vivants, soit par les morts. La vie est aussi une navigation périlleuse. De ce point de vue, l’image de la barque ou du bateau est un symbole de sécurité. Elle favorise la traversée de l’existence. La partie haute de cette peinture est le seul coin de répit que l’on trouve dans cette composition dense et intense. On y retrouve une plage, la mer, le ciel et ce phare à l’horizon, posé comme un espoir, porteur de lumière, servant à éviter les naufrages humains. Avoir en tête un coin de paradis, serait-ce une façon de survivre dans une circumnavigation planétaire qui, parfois, est laborieuse ? L’artiste nous offre un voyage simultané vers des caps opposés, évoquant un lieu physique, qui existe bel et bien, et un univers intérieur propre à chacun d’entre nous. Aux quatre coins du globe, le bateau est synonyme d’ultime voyage, de retrouvailles avec les eaux du commencement, du passage vers un autre lieu. S’il est souvent solitaire, le voyage n’est pas toujours lugubre. Il y a souvent une lumière merveilleuse qui nous guide.
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