Grand-Pré accueillait des artistes de la France, de la Louisiane et de l’Atlantique les 14, 15 et 16 juillet pour les Journées acadiennes, un clin d’oeil au Congrès mondial acadien qui se déroulera du 10 au 18 août 2024 dans les régions de Clare et d’Argyle en Nouvelle-Écosse. Les Journées acadiennes à Grand-Pré, c’est un évènement annuel qui célèbre la culture acadienne. Cette année, des chansonniers de Saint-Pierre-et-Miquelon, Henri Lafitte et Philippe Apestéguy ont débuté la programmation lors du 14 juillet. Le groupe cajun Les Amis du Teche était en concert pour la journée de la Louisiane le 15 juillet. Puis, le dimanche 16 juillet, c’est l’Acadie qui est à l’honneur avec l’artiste Vickie Deveau de Baie Sainte-Marie. Des violonistes d’un peu partout viennent s’y joindre, Dominique Dupuis, Robert Deveau, Daniel Leblanc, Adeline Miller seront de la partie.

Grand-Pré, un lieu historique

Paysage pittoresque, des terres fertiles, l’église de Grand-Pré se dresse sur le lieu historique national de Grand-Pré à une centaine de kilomètres d’Halifax.  Les succès et les luttes sont éclairés par des présentations multimédia et des expositions captivantes, un jardin victorien et une église qui se dresse pour se souvenir. La culture acadienne est vaste et les artistes l’ont popularisé par la chanson, la musique, la littérature, les arts visuels, le théâtre, etc. Le lieu historique national de Grand-Pré est la porte d’entrée du site du patrimoine mondial de l’UNESCO du Paysage de Grand-Pré.

Depuis le belvédère sur le chemin Old Post, on peut contempler 1300 hectares de fermes, de marais salins et de terres endiguées qui composent la terre fertile de Grand-Pré.

Dans les années 1680, le peuple acadien a surmonté les défis que posaient la géographie du lieu, notamment avec les marées les plus hautes au monde.

Évangéline

L’auteur américain Henry Wadsworth Longfellow (1807-1882) a écrit un poème épique, en 1847, intitulé Evangeline a tale of Acadie, qui raconte la Déportation des Acadiens. Le poème a contribué à faire connaître l’évènement, mettant en vedette deux amants acadiens, Évangéline Bellefontaine et Gabriel Lajeunesse qui sont forcés de se séparer pendant le Grand Dérangement Acadien. L’héroïne parcourt l’Amérique à la recherche de Gabriel. Elle s’établit à Philadelphie où elle travaille parmi les pauvres, en tant que Soeur de la Miséricorde. Parmi les malades, elle retrouve Gabriel qui meurt dans ses bras.

Après un succès énorme aux États-Unis, le poème atteint l’imaginaire des Canadiens français par une traduction libre de Pamphile Le May, en 1865. Évangéline s’inscrit alors dans le mythe canadien-français comme la première oeuvre littéraire à parler de la Déportation. Une statue d’Évangéline est installée dans le parc commémoratif du Lieu historique national de Grand-Pré, lieu de l’épisode de la Déportation décrit dans le poème de Longfellow.

Les Acadiens

Au Canada, les Acadiens sont aujourd’hui dispersé aux quatre coins des Maritimes (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard), mais aussi au Québec, notamment le long de la Baie des Chaleurs en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine. On estime que plus d’un million de Québécois serait de descendance acadienne. La fête des Acadiens est le 15 août. Ils commémorent un chapitre dramatique de leur histoire survenu en 1755. On peut retrouver d’autres peuplements acadiens à Terre-Neuve, dans le Maine et en Louisiane aux États-Unis (ce sont les Cajuns). On retrouve également des descendants d’Acadiens à Belle-Île-en-Mer à Saint-Pierre-et-Miquelon en France.

Même si l’Acadie ce n’est pas un pays, comme disait le célèbre personnage d’Antonine Maillet (1929-   ), la Sagouine, les Acadiens ont depuis 1884 un drapeau, semblable à celui de la France. Tricolore bleu-blanc-rouge, il arbore une étoile dorée dans la partie bleue qui représente la figure de Marie et la Stella Maris, qui guide les matelots (comme dit la chanson « Partons la mer est belle ») dans la tempête. L’étoile symbolise également l’attachement des Acadiens à la religion catholique romain. L’hymne national de l’Acadie est l’Ave Maris Stella « Salut, étoile de la mer ». Il a été choisi comme hymne national en 1884 par les délégués acadiens de la deuxième convention nationale tenue à Miscouche (IPE).

Et comme disait Angèle Arsenault (1943-2014) dans sa chanson Grand-Pré: « Nous avons survécu / Nous sommes les invaincus / Nous nous sommes relevés / Nous avons triomphé /  Nous connaissons la guerre / La faim et la misère / Mais nous n’avons ni frontière / Ni haine, ni regard en-arrière / Nous marchons droit devant / Vers le soleil levant / Fiers de notre héritage / Parlant notre langage / Marchant à notre pas / Chantant alléluia / Enfants de l’Acadie / Notre histoire nous a grandi / Notre histoire n’est pas finie »

Grand-Pré est un site à visiter où l’histoire attend le visiteur qui comprendra mieux l’histoire des Acadiens.

Crédit photos: Laurent Torregrossa