S’il est bien connu, depuis les sérigraphies Pop Art d’Andy Warhol, que la photographie chemine avec l’estampe, certaines images à caractère photographique intriguent encore l’amateur, elles ont été produites en héliogravure, en photolithographie ou autre procédé photomécanique. Quelle est la nature de ces images? Faut-il les considérer comme de simples reproductions imprimées ou comme des créations originales? Photographie et gravure sont des procédés dont l’union s’est parfois avérée difficile. Dans un contexte alliant art et industrie, leur rencontre illustre les jeux et enjeux de l’image reproductible.
Se fondant sur le caractère pré-photographique de certaines estampes, poussant son exploration jusqu’au premier tiers du XXe siècle, l’exposition dévoile un pan de cette histoire méconnue de l’art visuel, en s’appuyant sur l’étude d’une collection particulière, menée par Nicolas Devigne, maître de conférences à l’Université Polytechnique Hauts-de-France et passionné de photographie.
Remi Guerrin réalise un travail en photographie qui témoigne de la métamorphose des paysages de la côte d’Opale, où la mer reprend ses droits et bouleverse la ligne de côte. Cette rupture du bord de mer provoque le sentiment d’une absence qui se renforce face aux objets abandonnés sur la frontière. L’artiste enregistre la trace du départ précipité des migrants par un inventaire étrange « des tartines, un petit bonnet blanc d’enfant, des chaussettes roses… », seuls signes de présences humaines, avant la traversée. « Dans les dunes règne un vide, celui du choc du départ, une rupture géographique sans retour. » L’exposition présente une vingtaine de photographies en tirage pigmentaire, dont certaines réalisées en résidence, à Gravelines.
L’installation pourrait se définir comme un dispositif de dessin cinématographique, une machine qui compose en temps réel une transcription dessinée de l’espace filmé. Sur un écran blanc, le tracé révèle au premier plan le mouvement circulaire d’une structure linéaire, qui génère un renouvellement mécanique de l’image; la machine est à la fois l’outil et le sujet du dessin. En arrière-plan, se découpe l’ouverture de la pièce, l’architecture, le contexte in situ. Pris dans le processus d’élaboration d’une image-dessin, le visiteur, intercepté au croisement d’un axe de prise de vue et d’un axe de projection, s’intègre au dispositif.
Selon différents paramètres – distance du sujet, mouvement, mais surtout luminosité et contraste – chaque composant se voit détouré, encré, piqué, capturé avec une sensibilité picturale et une vitesse variable, laissant l’image s’imprégner d’une variation constante. Lumière, corps, mouvement, lieu, et autres composants de la machine s’interfèrent en une même trame qu’ils activent point par point pour produire une succession de dessins éphémères.
Plusieurs autres expositions et activités attendent les visiteurs.
MUSÉE DU DESSIN ET DE L’ESTAMPE ORIGINALE
Place Albert Denvers – Arsenal BP 43 59820 Gravelines (France)
conservation.musee@ville-gravelines.fr – www.gravelines-musee-estampe.fr
